Let me eat you whole { E l i o }

Ennui mortel à la sortie de l’université, et personne pour la surveiller. Occasion en or. La jeune femme s’étire sous les derniers rayons solaires, bras bien tendus au-dessus de la tête tandis qu’elle jette un coup d’oeil méfiant de part et d’autre pour s’assurer que personne ne la suit en traître, Min Ho le premier. Oh, quand bien même, elle pourrait… Non, elle ne peut pas. Utiliser sa rapidité surhumaine au beau milieu de la rue alors que les autres étudiants sont également de sortie relèverait de la bêtise pure et simple et si la belle est impulsive, elle est loin d’être stupide. C’est une très mauvaise idée. D’un autre côté, Haru aime les mauvaises idées - et l’une d’elle vient de germer dans son esprit torturé.

Aller embêter son obsession du moment.

Et en bonne stalkeuse qu’elle peut être, elle sait exactement où aller - dans le quartier de Hongdae, et plus précisément sur son artère principale qui vibre au son des pas et des conversations vivaces. Là, une boutique devant laquelle elle s’arrête, observant sa devanture avec une fascination presque timide, elle qui ne l’est pourtant absolument pas. Les ensembles sexys qui sont affichés avec goût lui font de l'œil, mais elle n’est jamais rentrée dans un sex-shop - pas l’âge, pas le temps, pas l’intérêt.

Mais aujourd’hui, ah, aujourd’hui…

Lorsqu’elle pousse finalement la porte, une petite sonnette discrète annonce son entrée. Entrée remarquée, donc, mais elle ne s’en formalise pas, la brune, s’avançant déjà comme si elle était la reine de la boutique - qui se trouve être vide à cette heure, si ce n’est pour le vendeur vers lequel ses yeux se tournent immédiatement, brillants de malice à peine contenue. La voilà, sa cible, sa proie, son obsession du moment.

Ça avait commencé il y a quelques temps déjà - à voir quelqu’un se cacher avec autant d’insistance dans les rues encombrées de Séoul, il était évident que la harpie avait été incapable de résister à sa curiosité naturelle, aussi mal placée était-elle. Elle l’avait donc guetté, suivi depuis les toits, observé sous toutes les coutures jusqu’à connaître ses horaires de travail et ses petites habitudes. Et lorsqu’elle l’avait abordé, avec toute la subtilité d’un éléphant dans un magasin de porcelaine, ça avait été pour s’attaquer directement à sa casquette, à sa capuche, à son regard fuyant.

La suite ? Un conte de fées. Ou pas. Avec Haru, rien n’est facile, et elle n’est pas amoureuse du mystérieux blond qui a hanté une nuit bien trop solitaire - elle a cédé à son corps, encore et encore, aux craquements du matelas, aux gémissements essoufflées, d’une nuit dont elle se rappelle tous les détails avec délectation - et qu’elle compte bien ne pas lui laisser oublier, à lui non plus.

Aussi s’avance-t-elle, la démarche prédatrice, mordant sensuellement sa lèvre inférieure pour venir s’appuyer des coudes contre le comptoir pour venir chercher de ses yeux abyssaux ourlés de longs cils le regard de son objectif humain. « Salut. J’aurai besoin de conseils personnalisés~ » Glissant une main dans sa chevelure courte, elle esquisse un sourire joueur, parfaitement consciente de l’effet qu’elle peut faire, quand bien même n’est-elle pas narcissique pour un sou. « J’aimerai une tenue qui pourrait rendre un homme fou de désir à sa seule vue - et des jouets pour aller avec. » Est-elle en train de vérifier ses compétences de vendeur de charme ou de tester les eaux pour une nouvelle nuit de folie ? Pas encore la moindre idée, mais elle teste, joue avec les limites, glisse un index sur le comptoir pour le faire tourner en rond, se donnant des airs innocents qui ne lui correspondent pas - ce que son interlocuteur est plus que bien placé pour savoir.

C'était le calme plat dans la boutique, pas un chat ne semblait avoir soudainement envie de pimenter sa vie sexuelle, au plus grand malheurs de l'Aphrodite qui se retrouvait une fois de plus à vérifier l'inventaire. Si il y avait bien une chose qu'il détestait faire c'était bien l'inventaire, mais cette tache faisait partie intégrante de son boulot et Elio aurait donné son cœur entier pour celui-ci. La feuille d'inventaire délicatement posée près de la caisse et crayon à la main, Elio analyse avec toute la précision du monde la liste qui s'offrait à lui. Mais très rapidement un soupire s'échappe de ses lèvres masquées Chiant, c'est chiant bordel. geint il sans à peine se retenir tandis qu'il retire sa casquette quelques secondes seulement pour replacer ses cheveux. Puis soudain, le tintement du graal retentit dans la pièce, annonçant l'arrivée d'un client, espoir tant attendu ... Qui s'effondre aussitôt que son regard eut croisé celui de la belle Haru. Aish toi...ici marmonne-t-il dans son masque, alors que la divine créature vient s'accouder sur le comptoir de la caisse pour énoncer sa demande. Automatiquement un sourire orne ses lèvres invisibles aux yeux d'Haru, et Elio détourne rapidement le regard pour porter son attention à l'opposé du magasin. Là-bas tu trouveras ce qu'il te faut en lingerie. lui dit-il froidement, avant que sa main ne vienne s'emparer de celle de la jeune femme pour la plaquer délicatement contre le comptoir et cesser ce mouvement circulaire qui le rendait déjà nerveux. Qu'est-ce que tu attends de moi Haru ? Des conseils professionnels, ou quelque chose de plus ... personnalisés, si tu vois de quoi j'ai envie de parler. Ne tourne pas autour du pot, t'es là pour quelque chose alors dis-moi. Tu es là pour moi ? Pour un autre homme ? Ou juste pour toi ? J'ai besoin de plus de détails si tu veux vraiment que je te trouve des jouets ... il marque une pause, redresse le visage vers la harpie et ancre son regard verts émeraude dans les onyx de la jeune femme, pour reprendre d'une voix devenue bien plus rauque à ton goût et adapté à la situation.

Elle, ici. Si cette réflexion la fait tout d’abord doucement rire, l’abyssale créature, la suite lui fait instantanément perdre son joli sourire. Air sombre, à la limite de l’orage qui couve autant dehors que dans ses yeux qui se colorent lentement d’un bleu océan. Cessant obligeamment son mouvement circulaire au chaud contact de la main du jeune homme, la brune enroule ses doigts autour des siens, jouant tout du long de ses jointures pour rejoindre les lignes de sa paume, la caressant sans la moindre pudeur, voire même avec une certaine brusquerie. « J'attends un peu moins de froideur de ta part, déjà. » grogne-t-elle, sifflante, enroulant ses fines phalanges autour du poignet masculin, avant que son ton s’allège en un ronronnement qui pourrait se comparer à une étreinte sensuelle. « En dehors de ça ; des conseils personnalisés, ça compte ? » lance-t-elle tandis qu’elle avise d’un regard qui s’éclaircit la lingerie qu’il lui a désignée.

De jolis modèles, à n’en pas douter. Mais comment s’assurer au mieux de l’effet produit dans ces derniers ? Retour de toute son attention sur son interlocuteur, sa proie toute désignée, son amant aussi précieux que secret. Au dehors, les premières gouttes commencent à tomber, venant percuter la belle vitrine et teinter l’air d’une musicalité aqueuse qui fait frissonner la jeune femme, lui donnant la chair de poule. « Je suis là pour toi, évidemment. » murmure-t-elle en se penchant un peu plus par-dessus le comptoir, venant jouer de sa main libre avec le masque qui cache si bien les traits magnifiques de son compagnon. « Pourquoi j’aurais choisi de venir ici toute seule, sinon ? » Franche, comme à son habitude, elle tire doucement sur l’un des élastiques avant de s’arrêter à mi-chemin de lui retirer son masque, un sourire satisfait affiché sur ses lèvres pulpeuses.

« Fais-moi plaisir : ferme la boutique pour une heure, réserve-la moi, et tu pourras momentanément dire au revoir à… ça. » ajoute-t-elle en désignant du menton la liste et le crayon posés bien en évidence sur le comptoir. « Je suis d’humeur joueuse. Il y a tellement de choix, et si peu d’évidences avec toi Elio… » Complètement inconvenante à présent, presque allongée sur le bureau du personnel, la harpie glisse ses lèvres tout du long de la joue du blond, venant effleurer le lobe de son oreille d’un coup de langue. « Montre-moi tout ce qui pourrait te faire plaisir, à toi. »

Doigts délicats qui se jouent de lui, qui glissent sur sa main avec dextérité caressant sa paume avec une délicatesse qu'il aurait pu apprécier, si la belle n'était pas si dangereuse. Soudainement, il plaque la main de la jeune harpie contre le comptoir, l'intimant silencieusement de cesser de le toucher ainsi. Mais ce geste ne semble pas l'arrêter et à nouveau la revoilà qui vient se jouer de lui, jusqu'à venir enlacer son poignet. Sous la surprise son corps se tend légèrement et il émet un râle grave signe de son mécontentement Arrête ça. Je te l'ai déjà dis. crache-t-il avec colère, se mettant à rire lorsqu'elle lui demande moins de froideur Moins de froideur ? Tu me demanderais presque la lune Haru. dit-il avec arrongance tandis qu'il lui laisse le plaisir de parcourir la peau de sa main à nouveau pour se concentrer sur sa demande plus que particulière Je ne sais pas, qu'est-ce que je gagnes en retour ? Des conseils personnalisés ça se mérite n'est-ce pas ?

Haru se penche un peu plus sur le comptoir sous le regard curieux d'Elio qui pourtant ne l'arrête pas et lui laisse même l'occasion de venir toucher son masque, dernière barrière de protection. Cette chance ne dure guère longtemps, et en l'espace d'une micro-seconde tandis qu'Haru vient tirer légèrement sur son masque, Elio vient retirer violemment ses doigts de son visage son regard se teintant d'une colère indescriptible. Je t'interdis de toucher à ça ! hurle-t-il en serrant ses doigts autour du poignet de la jeune harpie, y laissant sans aucun doute des traces tant la colère s'impose en son cœur. La main tremblante il la libère finalement de sa violente étreinte tandis qu'elle laisse ses lèvres glisser sur sa joue et venir titiller son lobe. Un frisson parcoure son corps, un souffle rauque s'échappe d'entre ses lippes et il murmure sensuellement Aucune lingerie ne me ferait plaisir Haru...Ton corps se suffit amplement à lui-même. Mais je peux tout de même aller y jeter un œil pour toi. sourire qui se dessine derrière son masque tandis qu'il contourne le comptoir pour agripper la main d'Haru et l'emmener vers le rayon.