Ae Haru — Make me forget

personnage inventé, jusqu'au bout des griffes ; crédits des avatars Ralhiel, Letsheresy, Love in space, Pastbreathing, Tokki
tout sur l'artiste J'ai cédé à l'appel du double compte ; je ne devrai pas, mais ce fut plus fort que moi, so now... wait for it !

— On ne peut pas la tuer. Enfin, hyung ! C'est ta fille !
— Le sang appelle le sang.
— Ne dis pas ça ; réfléchis. Elle pourrait être utile.

Et c'est ainsi, dans un simple échange dans le plus grand secret d'une chambre aux relents de cuivre et de mort, que la décision ultime est prise. Le nouveau-né est ramassé, à bout de bras réticents, transporté loin du corps brisé de sa mère, ses griffes encore fraîches de l'hémoglobine de cette dernière, son regard bleu posé sur le visage de l'homme qui pour les prochaines années affirmerait être son père.

Ces dernières sont loin d'être faciles.

Maudite dès sa naissance pour avoir tué sa propre mère en venant au monde, crime dont elle ne peut pourtant être réellement tenue responsable, l'enfant grandit dans le plus grand secret. Fille unique de la plus grande famille de chasseurs de Busan, aussitôt qu'elle sait marcher elle apprend autant ses lettres que l'utilisation des armes, ainsi qu'à contrôler sa faim dévorante.

Flattée par ses aînés, ignorée par un père dont elle désire désespérément l'attention et l'approbation, elle finit par rejoindre une première école de laquelle elle est retirée presque aussitôt - la faute à une transformation imprévue qui terrifie ses camarades de classe qui, fort heureusement, n'arrivent pas à faire voir la réalité en face à leur maîtresse qui associe tout ça à un excès d'imagination.

Les écoles s'enchaînent, les erreurs aussi. Finalement, la petite fille apprend à contrôler son don d'hypnotisation et en use et en abuse pour garder le droit de rester parmi les humains. Secrètement, elle commence à s'abreuver sur ses petits camarades, jusqu'au jour où le secret est éventé et où sa vie bascule.


— Papa... Papa ? S'il-te-plaît, laisse-moi sortir... Je serai sage, promis... !

La supplique reste lettre morte. Enfermée dans une petite cage dans laquelle elle peine à bouger, la prépubère s'accroche aux barreaux, cherchant à percer l'obscurité de son regard sombre. Les jours s'écoulent sans qu'elle ne puisse se faire une idée de ce qui règne au dehors, jour ou nuit, et les repas lui sont apportés à des horaires réguliers, jusqu'au moment où ces repas ne lui suffisent plus.

Dans un cri, ses crocs déchirent la peau tendre de ses lèvres, ses griffes cognent brusquement le métal, et sa faim ne fait que décupler sa colère - jusqu'à ce que même la colère se meure et qu'elle commence à dépérir.

Puis, enfin, la lumière du jour revient, ainsi qu'un nouveau type de repas. Des poches de sang. Dégoûtée, résolue, désespérée ; elle se nourrit sauvagement, comme la créature qu'elle est, sans se soucier du fait qu'on l'observe et qu'on note tout de son comportement, jusqu'au moindre détail la concernant.

Les jours suivants, elle est transférée dans une chambre ; fermée à clef, bien entendu, mais c'est une amélioration certaine comparé à sa prison précédente. Les visites se font plus nombreuses - on commence à l'analyser sous toutes les coutures, à prendre sa température, à lui faire des prises de sang, à vérifier combien de temps il lui faut avant d'être affamée, ce genre de choses.

D'enfant maudite, elle devient sujet d'expérience.


— Reste près de moi. Si tu as ne serait-ce que l'idée de t'enfuir, je le saurai - et je te rattraperai. C'est compris ?
— Compris.

Début de l'adolescence, elle a enfin retrouvé le monde extérieur. Les tests sur sa personne continuent, mais Haru peut suivre son père dans ses chasses, respirer l'air frais, goûter à un sang neuf. Que ce sang soit celui de ses semblables lui importe peu ; elle ne fait qu'obéir, obéir aux ordres qu'on lui donne et qui lui allouent sa liberté conditionnelle.

Pourtant, à mesure que les années passent et qu'elle use de son pouvoir d'hypnose pour forcer les humains à oublier des scènes qu'ils n'auraient pas dû voir, elle commence à se poser des questions.

Est-ce que ce qu'elle fait est bien ?

Elle commence à écrire à ses 16 ans, sous un nom d'emprunt, Haneul, des histoires qui, à premières vues, semblent tout à fait farfelues. Des histoires sur des créatures de légendes qui ne sont pas aussi mauvaises qu'on pourrait le croire, sur des chasseurs qui ne sont pas aussi bons qu'on pourrait le supposer.

Des vérités qu'elle distille au travers de la fiction pour préparer et mettre en garde les humains sur les changements qui ne tarderont pas, elle en est persuadée, à arriver.


— C'est vraiment nécessaire ?
— Tu veux peut-être que tout le monde sache ce que tu es ? Te prenne pour la responsable ? Que d'autres que moi te chassent ?
— ... Non.

Les rues de Busan ne sont plus sûres ; les autres chasseurs se doutent que quelque chose cloche avec la fille de la famille Ae. Oh, bien sûr, ils savent ce qu'elle est, ils l'empruntent même de temps à autre pour se simplifier la vie. Mais depuis quelques temps, les meurtres sauvages s'enchaînent dans la ville, clairement causés par une Harpie, et naturellement tous les soupçons se portent sur la jeune demoiselle.

À 18 ans, Haru et sa famille déménagent dans la capitale coréenne, suivant une piste qui indique que les activités surnaturelles se multiplient en son sein. Là, après d'âpres négociations, elle se retrouve fiancée à un fils d'une famille de chasseurs qui, de fait, l'est plus pour devenir son gardien et faire un lien entre les deux familles que par sentiments réels ; ce qui la frustre plus qu'elle n'ose le dire.

Officiellement, elle n'est censée sortir que pour ses cours à l'université. Officieusement, c'est la nuit qu'elle vit sa meilleure vie, ayant appris que faire le mur a aussi ses avantages, notamment celui de ne pas être surveillée et de ne pas avoir à fréquenter son fiancé forcé.