Hunger poison the mind { M i k a e l a & M i n H o }

Le rebord de la fenêtre. Un coup d'œil en arrière tandis qu’elle pose la pointe des pieds sur le balcon, comme si quelqu’un pouvait réellement se soucier de ses allers et venues à cette heure tardive. Non, bien sûr que non - cet horaire est celui du sommeil de plomb aux rêves méphitiques, et elle n’est pas supposée savoir crocheter le loquet de la fenêtre de sa chambre. Haru esquisse un sourire machiavélique tandis qu’elle glisse une jambe puis l’autre par-dessus la rambarde, avisant l’étage qui la sépare du sol herbeux du jardin. Rien d’insurmontable avec de l’entrainement, elle l’a appris à son plus grand plaisir durant les premiers mois de son installation dans la grande demeure des Ae à Séoul.

Réception parfaite, écho du coup dans les genoux avant qu’elle ne se redresse de toute sa hauteur, lançant un dernier regard au manoir familial. « À plus tard les nazes~ » Petit coeur moqueur dans la voix, elle s’éloigne d’un pas rapide - trop rapide pour être tout à fait humain mais, sans témoin, qu’importe cette petite entorse à la règle de la normalité ?

Alors elle erre, goûtant du bout de la langue à sa liberté chérie, croisant quelques personnes sans s’arrêter plus que de rigueur sur leurs faciès qui ne l’intéressent aucunement. La faim qui gronde et enfle dans son estomac resserre ses crocs, et sa recherche de quelque chose à faire - de quelqu’un à aborder - se fait plus intense. Voilà plusieurs jours qu’on ne lui a rien donné - qu’on la prépare pour une chasse, sans doute, une de ces chasses autorisées contre l’un des siens, l’un des maudits qu’elle préférerait laisser tranquille, ne serait-ce que par flemme d’affronter quelqu’un à sa mesure, ou par crainte de tomber sur quelqu’un qu’elle aurait pu, dans sa grand mansuétude -tu parles- sauver des griffes de la découverte humaine.

C’est là, dans une ruelle abandonnée par l'humanité, qu’elle le sent. Qu’elle l’entend presque couler dans les veines d’une silhouette solitaire évoluant d’un pas dansant dans les rues de Séoul. Le sang. Ce sang qui la fait vibrer toute entière. Quel est-il ? A, B, O, AB ? Première question qui se pose tandis que ses prunelles s’éclaircissent, passent d’un noir d’encre à un bleu profond, celui d’un ciel en plein été, d’une mer préparant la violence de ses vagues écumeuses. Une canine frôle déjà sa lippe inférieure, manquant presque de la faire saigner, tandis qu’elle s’avance d’une démarche assurée en direction de la blonde qui se rapproche, va bientôt la dépasser sans se douter un seul instant de l’effet que sa seule présence lui fait.

Haru déglutit. Tout en elle résiste, parce qu’elle sait les dégâts que son mauvais caractère peut faire - mais elle s’approche, se met sur le chemin de l'anonyme, bloquant ses pas sous la lueur grésillante d’un lampadaire. D’un coup d'œil nerveux, elle s’assure qu’elles sont seules. Délicieuse opportunité, désir qui enfle pour bientôt éclater. « Salut. T’as du feu ? » Question banale qui s’échappe de ses lèvres carmins.

Penchée en avant, d’un sourire carnassier, elle garde ses mains derrière son dos. Celles-ci se tordent, se joignent bientôt à la danse de la harpie qui prend le pas sur la jeune femme - elle a faim. Une faim dévorante qui brûle tout sur son passage. Encore un petit effort, et la pauvre inconnue se changera non plus en interlocutrice mais en victime non consentante.

Sans même s'en rendre compte, les yeux plissés et rivés sur son téléphone portable, elle s'éloigne de ses amis. Elle s'engouffre dans une rue adjacente, se retrouve au beau milieu d'étudiants festifs. Les barrières sociales déconstruites, elle s'incruste dans un petit groupe qui l'accueille bras ouvert. Moment de folie, la fièvre du samedi soir les envahit tous. On trinque, Mikaela ne sait pas à quoi, mais elle suit le mouvement. Elle fait de nouvelles rencontres, raconte de nouveaux mensonges. Elle finit par retrouver ses amis avec qui elle finit sa soirée. Elle n'a pas les idées très claires lorsqu'elle leur dit au revoir et décide de rentrer chez elle. Elle connaît Hongdae comme sa poche. Elle n'a pas besoin d'un taxi pour rentrer, et puis marcher l'aidera à décuver. Son petit-ami n'aime pas la voir rentrer saoul. Il n'aime pas le fait qu'elle puisse boire sans lui. Il s'inquiète.

Mikaela s'engage dans une sombre ruelle. Un raccourci. Les lieux ont l'air lugubre la nuit tombée mais elle sait qu'il n'y a rien à craindre. Elle l'a déjà emprunté des centaines de fois. Son estomac ronronne et elle pense faire demi-tour, trouver un konbini et s’acheter un truc à grignoter puis elle se rappelle les snacks dans le placard de la cuisine. Elle n’est plus très loin de chez elle, elle pourra tenir. Elle croise le regard d’une jeune femme qui bloque la sortie mais n’en tient pas rigueur jusqu’à ce que celle-ci lui adresse la parole. Elle cherche au fond de son sac mais ne tombe que sur un briquet en fin de vie, ce qui n'est guère étonnant étant donné que cela fait un bon bout de temps qu'elle est passée à la cigarette électronique. “Sorry, mais sinon t’as un konbini pas loin, dans l’autre rue.” Elle contourne l’inconnue afin de continuer son chemin.

Elle n'a pas de feu. Soulagement passager de la harpie au souvenir des restes cicatriciels de la brûlure qui s'étend sur tout un côté de son dos. Un souci de moins à se faire. Curiosité mal placée, elle tend le cou pour jeter un œil dans le sac ; n'y trouve rien d'à prioris dangereux, mais sait-on jamais avec les humains - un couteau est si facilement caché ; une arme à feu peut être si petite de nos jours. Mais Haru ne s'en soucie pas. Sa rapidité lui confère une confortable avance face à des recours aussi banaux.

Et parlant de rapidité, elle se décale. Se remet sur le chemin de sa victime, ses yeux bleus comme le ciel scintillants sous la faible lumière du lampadaire solitaire - lueur surnaturelle d'un regard affamé. Oh, qu'elle n'aurait pas dû s'égarer loin de la civilisation ; croiser la route de la créature maltraitée, émaciée par plusieurs jours à être privée d'hémoglobine, nourriture dont elle a autant, si ce n'est plus, besoin que celle des humains normaux. « Un konbini… Que c’est adorable de ta part. » Il y a… de la malveillance dans ces mots. Une cruauté qui suinte par tous les pores, se déverse de ses lèvres bien dessinées qui crachent presque ces quelques mots.

« Tu sais que c’est dangereux de s’aventurer seule dans les petites allées ? » Elle s’approche, les mains, les griffes toujours cachées dans son dos - avec toute la grâce carnassière d’un félin ayant flairé sa proie. La jeune femme a beau paraître jeune, son aura semble assassine - rien de rassurant dans les mimiques de son visage, dans l’éclat surnaturel de son regard trop clair. « En plus, si tu pars à droite, c’est une dead end. » Mensonge éhonté ; le cul-de-sac se trouve à gauche. Façon comme une autre de manipuler en avance sa cible. De toute façon, même si d’aventure elle décide de partir à droite, ça ne change rien - le frisson de la traque lui remonte déjà l’échine.

Haru déglutit une nouvelle fois en entendant le palpitant s’agiter, la pompe se mettre en marche pour faire couler plus intensément le sang dans les veines de la blonde face à elle. Elle n’a pas encore peur, mais ça viendra - car sans crier gare, la fille d’Iris fonce sur l’inconnue, lui attrape les cheveux sans douceur aucune pour tendre sa tête vers l’arrière, venant renifler la peau de son cou avec un délice non dissimulé, ses canines maintenant bien visibles sur sa lèvre inférieure tremblante d’une faim inextinguible. Sortant le bout de sa langue pour venir caresser la jugulaire battant sous cette peau fragile, la brune tire un peu plus sur la chevelure blonde pour positionner sa proie plus confortablement, celle-ci étant un poil plus grande qu’elle. Ça doit faire mal, être inconfortable pour elle, mais la plus jeune ne s’en soucie pas, toute à sa fascination morbide pour la veine qu’elle caresse presque tendrement de sa langue.

« Ton nom. Donne-moi ton nom. » grogne-t-elle contre cette peau chaude, soufflant, haletant, attendant avec impatience de voir si sa proie se débattra ou non, se réjouissant déjà à l’idée même d’une traque.

Sa route est de nouveau barrée et Mikaela prend finalement le temps d’observer la jeune femme qui lui a adressé la parole. Chétive, une brise pourrait l’emporter. Et pourtant, Mikaela ne peut s’empêcher de détourner le regard lorsque leurs yeux se rencontrent. Elle n’a jamais vu personne porter de telles lentilles de contact. En tout cas, c’est la mauvaise saison pour le faire, ce n’est pas encore Halloween. Il y a quelque chose d’irritant dans la voix de l’inconnue. Mikaela a l’impression d’être prise de haut, d’être méprisée, comme si elle n’était qu’un insecte qu’elle pourrait écraser d’un revers de chaussure. Impression ridicule étant donné la carrure de la jeune femme qui lui fait fasse.

“Parle pour toi.” Dangereux? Elle connaît ces rues comme sa poche et la plupart des mecs susceptibles de commettre un crime font probablement partie de son carnet d’adresse. Cette fille ne sait clairement pas de quoi elle parle. Et pourtant, Mikaela fait quelques pas en arrière au fur et à mesure que l’inconnue s’approche. Faux. Elle sait exactement quelle ruelle emprunter et pas même l’alcool qui coule dans ses veines lui fera prendre la mauvaise direction. Elle s’apprête à contourner de nouveau la jeune femme, qui est sans doute ivre vu son comportement un peu bizarre, mais Mikaela ne va pas bien loin. Tout se passe si vite. Elle est tirée vers l’arrière par les cheveux et son cou contorsionné dans un angle très inconfortable. Elle se débat, tente de se défaire de l’emprise mais la jeune femme possède plus de force qu’elle ne paraît.

Un frisson d’horreur parcourt son corps lorsqu’elle sentit le muscle humide caresser son cou. Elle redouble d’effort pour se libérer, ses coudes s'enfoncent dans les côtes de son agresseuse mais cela semble sans effets. “Mais t’es malade ou quoi?! Lâche-moi!” Elle lui écrase les pieds à l’aide de ses talons même si elle se doute bien que cela n’aboutira à rien. Ses mains cherchent le visage de la jeune femme, lui griffant les joues et le front au passage, puis s’accrochent à sa chevelure sombre. Ses longs ongles manucurés s’enfoncent dans son cuir chevelu. “Meuf, lâche-moi avant que je t’écrase la gueule sur le mur!”

Parle pour toi. Un rire secoue les épaules de la harpie - un rire si sincère qu’il en est malaisant. Mais il est vrai que face à sa proie, elle ne paie pas de mine - petite, fine comme une branche de cerisier prête à se briser à la moindre brise un peu forte, jeune ; la brune aux cheveux courts a tout de la victime toute désignée, si ce n’est le caractère et la nature, elle qui a toujours tout ignoré de la fragilité des humains, maudite dès la naissance pour un crime involontaire. Les suivants, en revanche, ont tous été délibérés - voilà tout ce qui compte, bien qu’elle n’ait jamais été jusqu’au meurtre.

« Malade ? Non, je me sens bien… pas toi ? » Moqueuse, elle pique une canine dans la chair tendre du cou de la blonde - très légèrement, à peine en vérité, juste de quoi la faire frémir comme elle-même frissonne de plaisir à sentir sa cible s’agiter, se débattre contre son torse soulevé par une respiration excitée.

Sous les coups désespérés, Haru relâche légèrement la pression - ses griffes se font plus légères dans la chevelure dorée, tandis que son autre main griffue vient jouer avec le visage de l’inconnue, caressant sa mâchoire, se glissant juste sous ses yeux écarquillés d’horreur. Non pas que la créature ait mal - elle a bien trop faim pour ressentir la douleur -, mais elle aime voir une vie humaine se débattre comme une bougie refusant de s’éteindre. Ça fait battre son cœur mort avec plus d’intensité, lui offrant une cavalcade effreinée qui pompe de l’adrénaline dans tout son petit corps enfiévré.

« Aie. Ça fait mal, tu sais ? » qu’elle souffle en sentant les ongles lui érafler les joues, le front, manquant de peu ses yeux d’un bleu surnaturel. Son ton oscille maintenant entre le jeu et la colère, et sa prise se raffermit de nouveau, presque autant que celle de l'inconnue sur sa propre chevelure courte. « D’accord. Tu veux que je te lâche. Je peux faire ça~ Maaais… Avant de le faire, j’ai besoin de deux choses. Ton nom, avant toute autre chose. » Son visage replonge dans le creux du cou, se concentrant sur le son assourdissant du sang qui passe dans la jugulaire battante tandis que sa main libre descend le long du corps qui se rue toujours contre elle pour venir l’enlacer avec une brutalité non maîtrisée.

Ses griffes jouent alors une petite sérénade silencieuse contre le flanc de l’humaine, alors même qu’Haru dépose un baiser plein d'une fausse tendresse contre la veine gonflée par la position inconfortable qu’elle fait subir à sa victime, évitant avec soin de ne serait-ce qu'effleurer les colliers de peur que ceux-ci soient d'or. « Ensuite, je ne veux que ton sang. Deux-trois petites gouttes de rien du tout. Je te promets que ça ne fait pas mal~ » Un mensonge de plus à rajouter à la longue liste de ceux qu'elle profère sans sourciller. « Ensuite, tu pourras fuir. Courir comme tu n’as jamais couru. Et peut-être, peut-être… que je ne te suivrai pas. » grogne-t-elle en sentant les ongles manucurés s'enfoncer dans son cuir chevelu, la poussant à secouer la tête pour tenter de s'en débarasser.

Elle a à faire à une échappée de l’asile. Une meuf qui pense qu’on se trouve dans le monde de Twilight. C’est ce que Mikaela pense avant que du coin de l'œil elle n'aperçoive les canines dépassant de la bouche de l’inconnue. Elles ont l’air bien trop réelles pour que cela soit des fausses. Mais ce n’est pas possible. Absolument pas. La confusion et la colère laissent place à la peur. Et si certaines personnes restent tétanisées face à l’effroi, pour Mikaela, il s’agit d’une montée d’adrénaline. Elle relâche sa prise sur le crâne de la brunette puis vise ses yeux, son ongle entrant en contact avec une pupille bleuâtre. Elle profite de l’effet de surprise pour se dégager de son étreinte et courir aussi vite que possible. Elle tourne à droite, s’engouffrant dans une énième ruelle sombre et silencieuse. Seuls les bruits de ses pas et le son de sa respiration haletante résonnent entre les murs. D’une main tremblante, elle déverrouille son téléphone et appelle son copain. Elle tombe sur le répondeur. “Merde!” Elle essaye de nouveau. Toujours rien. Mais quel inutile!

Mikaela finit dans une autre rue. Elle observe ses arrières mais il n’y a plus personne. A-t-elle réussi à la semer? Essoufflée, elle ralentit le pas. Elle essaye de rationaliser ce qu’il venait de se passer. Une jeune femme aussi frêle qu’une brindille venait de l’agresser. Elle réclamait son nom ainsi que son sang. Mikaela est certaine que si elle racontait cela à quiconque, on ne la prendrait pas au sérieux. D’ailleurs, les quelques grammes d’alcool présents dans son sang ne feraient que l’incriminer. Elle interrompt sa réflexion parce qu’elle croit avoir entendu des pas derrière elle mais lorsqu’elle se retourne, il n’y a personne. Elle accélère tout de même le pas. Quelques secondes plus tard, elle entend de nouveau le même bruit. Cette fois-ci, elle ne se retourne pas, elle continue à avancer aussi vite que possible, aussi vite que ses poumons le permettent. Son téléphone sonne. “Babe, -” Elle n’a pas le temps d’énoncer un mot de plus.

Elle se débat, et c’est délicieux. Tout simplement délicieux. La brune n’a après tout jamais aimé la facilité, même si la volonté de sa victime à ne pas lui donner l’information voulue la frustre plus que nécessaire. Un nom n’a jamais tué personne, si ? Bon, peut-être bien que si. Mais dans le cas de Haru, c’est un sauf-conduit, une façon comme une autre pour elle de se rappeler de chacune de ses proies et de ne pas s’arrêter à un simple visage dans l’obscurité. La jeune femme veut les humaniser, pour ne justement pas oublier qu’ils sont un peu plus qu’une simple banque de sang pour harpie affamée.

Malheureusement pour la blonde, son hurlement de douleur en sentant un doigt percuter sa rétine efface toute trace de mansuétude ; un doigt à l’ongle parfaitement manucuré, qui n’a presque rien à envier à ses griffes cauchemardesques en cet instant de souffrance où les réseaux sanguins de son œil éclatent un à un pour former une toile sanglante au contraste saisissant avec le bleu clair de sa pupille. « C’est qu’elle est douée la salope. » Grognement guttural tandis qu’elle porte la paume de sa main sur sa blessure - superficielle, mais qui irait dire que ça ne fait quand même pas mal ?

Alors elle s’éveille de son long sommeil, détend les muscles de ses omoplates, faisant jouer les cicatrices dans son dos avant de s’avancer d’un pas qui, au début tout du moins, est lent, félin, joueur. Une petite mélopée funèbre s’inscrit sur ses lèvres alors qu’elle prend le chemin emprunté par l’inconnue, comptine qui n’a plus rien d’enfantin malgré sa voix délicate qui, de temps à autre, s’interrompt sur un petit rire nerveux.

Elle a sous-estimé l’humaine. Ça ne se reproduira pas.

À mesure que ses hanches se balancent, sa vitesse augmente, pour bientôt adopter un rythme de croisière qui n’a plus rien d’humain - la rapidité mortelle d’une créature habituée à chasser ses proies jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. C’est à peine si ses pieds touchent le sol, bien trop légers pour résonner entre les murs des ruelles que traverse sa souffre-douleur de toute la vitesse de son corps bien trop fragile, bien trop mortel. Bientôt, elle avise un abribus sur sa droite - sans réfléchir, elle fonce droit vers ce dernier, pose un pied à la verticale, puis l’autre, se hisse en hauteur - continue son escalade sur une façade avoisinante, grimpant toujours plus haut, toujours plus loin, jusqu’à parvenir jusqu’aux toits.

Quelle tête fera-t-elle en se rendant compte que rien ni personne n’est derrière elle ? Quelle tête lorsque la harpie tombera sur elle depuis le ciel ? Haru se retient de rire alors même qu’elle observe sa proie depuis les hauteurs, avisant un peu plus loin une maison de plain pied sur le toit de laquelle elle fonce. S’accroupissant, bras sur les genoux, elle écoute la douce mélodie du cœur affolé en bas.

Puis elle fond sur sa proie.

Se réceptionnant à la force de ses genoux pliés, elle attrape la blonde par derrière, l’enlaçant presque pour s’emparer du téléphone qu’elle a en main. À l’autre bout, une personne qu'elle espère inquiète ; elle ne s'en soucie pas vraiment, ne prend même pas le temps de vérifier que quelqu'un est bien au bout du fil. « Nah vous en faites pas, elle a juste un peu trop bu. Je la raccompagne ! » Pas la peine d’attendre une réponse ; elle raccroche et envoie valdinguer l’objet près d’une bouche d’égout un peu plus loin, esquissant une moue légèrement déçue de ne pas avoir marqué le point en le mettant dedans. « Où on en était déjà ? Oh, pardon, j’ai oublié de te dire - courir ne te mènera nulle part. Par contre, ton nom pourrait te sauver la vie. Tiens, regarde… » Et elle s’éloigne de quelques centimètres, la contournant pour lui faire face, l'enlaçant toujours sans pour autant la toucher, quoique tout dans sa position indique qu'elle est prête à la saisir au moindre mouvement qui lui déplairait - ce qui, vu son caractère, ne se résume pas à une courte liste. « Moi, c’est Haru. Et tu m’as fait putain de mal, au passage. »

Et est-ce qu’elle lui en a fait ? Selon ses standards : non, pas encore.

Horrifiée et désespérée, elle regarde son téléphone atterrir près d’une bouche d’égoût. Son dernier espoir, envolé. Mikaela comprend très vite que la fin est proche, qu’elle arrive au bout du voyage. Si la jeune femme semblait d’humeur à la laisser s’en tirer vivante quelques minutes auparavant, cela ne semble plus être le cas désormais. Malgré elle, malgré ses efforts pour paraître forte et vaillante, la fausse blonde ne peut s’empêcher de trembler. Elle laisse échapper un rire nerveux. “Je ne vois pas en quoi mon nom est nécessaire. La règle d’or des vampires c’est pas un truc du genre qu’il faut demander la permission avant d’entrer chez quelqu’un?” Si elle se rappelle bien, elle a vu ça dans Vampire’s Diaries. “Ok Haru et? Je suis censée m’excuser? Je suis déçue de ne pas te l’avoir arraché, comme ça je serais partie en beauté.” Elle creuse sa tombe mais honnêtement, cette dernière était déjà creusée, elle ne fait que l’approfondir, ce qui ne change strictement rien à son destin. Elle se promet qu’elle reviendra hanter les vivants. Cette satanée de Haru est au sommet de la liste, bien évidemment. Elle promet de faire de sa vie un véritable enfer, de lui faire regretter la nuit d’horreur qu’elle est en train de lui faire vivre. En seconde position se trouve son copain. Si seulement il avait répondu à son fichu téléphone plus tôt, l’issue de la situation aurait pû être différente.

En réponse au rire nerveux, un rire joyeux, qui scintille dans la nuit. Haru s’amuse - de cette course à travers les toits, de cette enlaçade presque amoureuse, de ce combat contre la mort elle-même, de cette peur que son petit corps mince instille dans le cœur de la blonde qui lui fait face. Elle apprécie tout de cette chasse, jusqu’aux répliques inconscientes de sa victime - elle qui pensait s’ennuyer cette nuit se découvre plus vivante que jamais. « J’ai toujours trouvé cette règle d’or un peu stupide. Le concept des vampires aussi. Ah, l’imagination des humains, quelle merveille quand même - idiote, mais fourmillante. » murmure-t-elle dans un sourire carnassier qui fait briller ses dents acérées sous la lueur d’un lampadaire situé non loin d’elles. Que la lumière est belle quand elle fait jouer ses ombres sur les visages effrayés.

« Non, la vérité, si tu veux vraiment la savoir, c’est qu’avec un nom, j’aurai pu te considérer comme une personne. Là, tu es juste… un repas. » Haussement d’épaules fataliste. Au fond, ça ne lui fait ni chaud ni froid ; dans tous les cas, elle va la croquer. Maintenant que ses griffes caressent ses côtes, ce serait dommage de la laisser filer. De toute façon, elle ne se rappellera pas de cette soirée - sauf peut-être par des bribes de cauchemars qui la hanteront toute sa vie durant ; la belle affaire. Pas le souci de la brune.

D’un geste brusque, la harpie rapproche le corps tremblant du sien, s’y collant avec une vigueur décuplée par sa vitesse surhumaine. « T’excuser ? Comme si j’allais te pardonner. Mais tu t’inquiètes trop. Je ne vais pas te tuer. Juste te vider jusqu’à ce que tu ne puisses plus parler, plus penser. Et ensuite… Oh, autant garder le secret. » Plongeant son regard surnaturel dans les yeux de l’humaine, Haru lui offre un sourire resplendissant mais affamé. Elle a faim. Tellement faim que c’est dur de faire preuve de retenue. Et si elle était incapable de s’arrêter cette fois-ci ? Et si… Et si… Avec des si, on pourrait refaire le monde.

Et il est déjà trop tard. Dressée sur la pointe des pieds, elle enfonce ses canines dans la gorge tendre de sa proie, transperçant sa jugulaire sans la moindre douceur, lui arrachant presque des lambeaux de chair dans son fol appétit. Oh, elle le sent, ce corps qui tente de résister et qu’elle serre plus fort contre elle ; ce cœur qui bat la chamade, pompant de plus en plus de sang dans sa bouche entrouverte, coulant sur sa langue, envahissant son palais comme le plus délicieux des breuvages. Non, pas ‘comme’ - c’est un nectar divin, la seule chose qui lui fait réellement du bien, qui la fait survivre malgré la volonté de sa famille de l’affamer au point de presque en mourir.

Elle boit, et boit encore, ses yeux scintillants de plaisir, son corps se tordant d’un orgasme qui n’a rien de sexuel.

Puis soudainement, elle s’arrête, se rend compte de ce qu’elle est en train de faire. Sans son soutien enfiévré, l’humaine tombe à ses pieds, sa plaie suintant d’hémoglobine. Trop. Elle en a trop pris. Il faut… Il faut qu’elle se ressaisisse, qu’elle efface sa mémoire, mais ses membres sont momentanément figés par la réalisation du fait que, dans sa délectation, elle a presque tué sa victime. Bien malgré elle, dans une conscience qui se bat avec sa férocité naturelle, elle se penche pour observer la blonde aux mèches virant au carmin, sans prêter attention à quoique ce soit d'autre autour d'elle.

Nuit séoulienne. A moitié endormi, avachi sur son canapé face à une série choisie au hasard sur Netflix, il est réveillé par les vibrations de son téléphone sur sa table basse. Appareil en main, son regard se promène sur le nom de la personne qui le contacte à une heure aussi tardive. Un mauvais pressentiment envahit alors Min Ho qui finalement décroche et porte le téléphone à son oreille. « Elle s'est enfuie. Elle n'est plus là et sa fenêtre est ouverte. Aide-nous à la retrouver, des gens sont peut-être en danger. » lui dit simplement son beau-père avant de raccrocher, pensant sûrement qu'il n'allait pas hésiter une seule seconde à partir à la recherche de sa fiancée ; et il a raison de le penser car le détective se redresse immédiatement sans même prendre la peine d'éteindre la télévision ou de mettre sa série en pause.

« Quelle casse-couilles. » souffle-t-il à lui-même alors qu'il enfile rapidement les premières chaussures qui lui passent sous la main. Il met dans ses poches une paire de menottes en or au cas où il lui tomberait dessus. Dans son sac à dos, il glisse une batte de baseball, le manche dépassant du haut pour qu'il puisse le saisir tel un sabre, tandis que sa main droite se retrouve ornée d'un poing américain doré. Il pourrait prendre directement des lames ou des armes à feu, mais tuer Haru n'est pas son objectif — pour le moment en tout cas. Elle reste sa fiancée et, surtout, un atout non négligeable en cas de chasse. Quittant son appartement à la hâte, il dévale les escaliers jusqu'à arriver au parking du bâtiment et, de ce fait, à sa moto qu'il enfourche et démarre pour parcourir les rues de Séoul à la recherche de la sale harpie.

Si seulement il avait pensé à poser des questions avant de donner son accord, jamais il ne se serait retrouvé mêlé à elle. Jamais il n'aurait eu à subir son comportement exécrable, ses provocations incessantes et ses caprices. Jamais il n'aurait eu à se retenir face à elle. Dans une telle situation, il se serait armé de sorte à purement et simplement abattre la cible, pas juste la neutraliser et la ramener gentiment chez elle. « ... Putain. » lâche-t-il entre ses dents, frustré par la situation. Il espère qu'aucune victime n'est à déplorer, qu'elle est juste sortie prendre l'air ; mais cet élan d'optimisme disparaît aussitôt : Haru est une harpie, une maudite. Autrefois humaine, elle n'est rien de plus qu'un monstre désormais.

A sa droite, plus loin dans la rue, il entend ce qui semble être une voix familière. Féminine. Dans le doute, le chasseur tourne avec sa bécane jusqu'à apercevoir grâce aux lueurs des lampadaires adjacents une forme qu'il reconnaît bien. Regard noir, coeur rempli de haine. Il accélère, s'apprêtant à lui rouler dessus quand il la voit penchée sur un corps humain. Trop tard, pense-t-il, mais il garde en tête la possibilité que la victime soit encore en vie. Alors qu'il passe à côté de sa fiancée en moto, il dégaine sa batte pour asséner un coup directement à l'arrière du crâne de la harpie tel un chevalier dans un combat à cheval.

Sans se préoccuper de savoir s'il l'a touchée ou non, il freine et tourne avec sa moto pour se jeter du véhicule, roulant et griffant sa peau sur le bitume. Min Ho se relève comme si de rien n'était après cette chute, vêtements déchirés par endroits, son liquide carmin suintant déjà de quelques plaies et égratignures. Batte lancée près de la blonde, il s'avance vers sa fiancée, poing fermé. « T'es vraiment putain d'incorrigible, chienne. » lui crache-t-il en commençant à courir, prêt à se jeter sur elle.

Un cri de douleur meurt dans sa gorge, les crocs pénétrant sa chair lui coupant le souffle. Son corps se raidit, ses mains s’agrippent à tout ce qu’elles peuvent bien trouver. Son cœur s’accélère, pompant le peu de sang qui lui parvient encore. L’instant de survie l’encourage à se débattre coûte que coûte même si son esprit rationnel lui dit que c’est la fin. Ce monstre ne va pas l’épargner, il est bien trop affamé. Mikaela le ressent à la vitesse dont Haru aspire son sang, à la force de son étreinte, à la façon dont son corps tremble d'excitation. Elle déguste et ne s’arrêtera sûrement pas tant qu’il y aura encore du sang de son corps.

Mikaela cesse de se débattre, ses mains retombent à ses côtés, elle ne ressent plus la douleur. A vrai dire, elle ne sent plus son corps. Son esprit est comme détaché de son enveloppe corporelle. Au moment où elle s’apprête à perdre connaissance, la sangsue se détache de son cou. Ses jambes n’ayant plus aucune force, Mikaela s’effondre. Ses yeux se ferment dès que son corps touche le sol. Elle sait qu’elle devrait tenter de les garder ouverts afin de ne pas sombrer mais la tentation est bien trop grande. Et puis à quoi bon garder les yeux ouverts si sa vision est si mauvaise. Elle ne distingue que les formes.

Le moteur d’une moto résonne dans l’allée. “Jae …” Son copain possède une moto. Il est là! Il est venu la sauver! Pourtant, la voix masculine qui atteint ses oreilles ne ressemble en rien à celle de son bien-aimé. Mikaela observe la grande et virile silhouette s'approcher de celle de son agresseuse. C’est la dernière chose qu’elle voit avant de perdre connaissance. Son sang teinte l’allée, se faufile entre les creux du bitume. Le teint de la jeune femme est anormalement pâle. Non loin, près de la bouche d’égoût, le téléphone de la victime sonne, à l’autre bout du fil, un jeune homme, encore étourdi par le sommeil, se demande où est passé sa copine.

Elle ne bouge plus. Sa victime ne bouge plus. C’est emmerdant. Non, pire : c’est incriminant. Il ne faut pas qu’elle reste immobile comme ça, sinon elle va mourir. « Garde les yeux ouverts, putain ! » grogne la brune dans un effort sur elle-même pour ne pas finir le travail. Ne manquerait plus que de se retrouver avec un cadavre sur les bras. Non pas qu’Haru soit incapable de se débarasser d’un macchabée gênant, loin de là - quelques cochons et l’affaire est réglée - mais elle a juré, juré sur sa vie, de ne plus tuer personne et, pour le coup, elle essaye de s’y tenir. La belle n’est pas un monstre. Pas trop.

D’un autre côté, elle ne sait pas, et n’a jamais sû, ce que c’est que d’être une simple humaine.

Un bruit de moteur. Des phares qui éclairent la nuit comme en plein jour. Trop tard pour réfléchir à une autre solution - de toute façon, la harpie n’est pas médecin. Peut-être est-ce mieux comme ça - l’intervention d’un autre être humain pour sauver la vie de sa proie.

Sauf que la machine ne ralentit pas, au contraire. Au son, elle accélère vers sa silhouette qui se redresse, pleine d’intentions meurtrières. Le conducteur va - veut - lui rouler dessus et c’est sans doute cette réalisation qui lui permet d’esquiver à la dernière seconde le coup dirigé vers sa tête, le détournant sur son épaule, la frôlant sans la blesser, la sonnant de peu sans pour autant l’assommer comme prévu.

Maintenant debout de l’autre côté du corps qui se vide petit à petit de son sang, Haru dirige son regard redevenu aussi sombre que les profondeurs abyssales sur le nouvel arrivant, qui ne lui est bien sûr pas inconnu. Un soupir d’une lourdeur infernale s’échappe de ses lèvres badigeonnées de rouge. « Il fallait vraiment que tu fasses une entrée aussi remarquée ? Frimeur. » crache-t-elle comme un venin, pointant presque du doigt le fait que son seul public est en train de perdre connaissance tout en avisant l’homme qui fonce droit sur elle, poing doré dressé dans sa direction. Celui-là, si elle se le ramasse, c’est la punition assurée.

« Trop lent, mon adoré. » siffle-t-elle entre ses dents en faisant exprès d’esquiver Min Ho juste avant qu’il ne la percute, passant derrière lui avec une vitesse qui n’est rien de moins que surnaturelle. S’approchant alors suffisamment pour lui déposer un baiser à la base de la nuque avant qu’il ait eu le temps de réaliser toute l’étendue de ses mouvements, elle esquisse ensuite un bond en arrière pour s’éloigner de lui en suffisance pour ne pas risquer de se prendre un coup perdu. « Mais t’oublie un détail - enfin, détail... »

Et de désigner de son index encore en partie griffu la forme allongée au sol.

« T’as le choix. Tu peux m’attraper, ou tu peux la sauver. Malheureusement pour toi, j’ai pas été assez délicate pour que tu puisses te permettre de faire les deux. »

S’élève alors dans la nuit séoulienne un rire délicieux, sans la moindre trace du regret que la créature ressent pourtant au fond d’elle-même - mais jamais elle ne l’avouera, et surtout pas à cet idiot de chasseur qu’on lui a collé sur le dos. Dans un nouveau recul, la brune essuie sa bouche du dos de la main avant de lever celle-ci dans un salut insouciant, comme s’il ne représentait pas la moindre menace pour elle. « See you later, shithead~ »

D’une course toujours aussi rapide, la harpie se dirige alors vers un bâtiment adjacent et s’applique à l’escalader avec la facilité née de l’habitude. Une fois en haut, elle crie un dernier « Il s’appelle Min Ho, pas Jae, ma belle ! » et disparaît sur les toits de Séoul, prête à regagner sa chambre abandonnée, repue.

La créature a esquivé de justesse le coup de batte, rapidement redressée sur ses pattes pour esquiver la charge du chasseur coréen animé par une haine sale. La harpie lui échappe, disparaît pour finalement se retrouver dans son dos, ce qui oblige Min Ho à rester sur place. Courir ne lui mènerait à rien : sa rapidité surhumaine lui donne un clair avantage. Et quand il sent ses maudites lèvres se poser contre sa nuque, des frissons de dégoût et de colère parcourent son corps de part en part. Il tourne alors sur lui-même pour lui asséner un coup de poing retourné, toujours pourvu de bagues dorées. Raté, encore une fois. Les dents sont serrées, le regard est meurtrier. Provocatrice, tant par ses mots que ses gestes, elle fait bouillir de rage le détective.

Mais être aveuglé par sa furie à cet instant serait une grave erreur. Une erreur impardonnable. Admettre une telle chose exaspère encore plus le chasseur, mais sa fiancée a raison. Il ne peut pas partir à sa poursuite et en même temps sauver la victime de la harpie. Le temps est compté pour cette dernière et il doit rapidement prendre une décision. Décision logique mais ô combien frustrante. Le trentenaire abandonne sa posture de combat, ses bras retombant le long de son corps, alors que son regard suit le monstre aux crocs aiguisés fuir le sourire aux lèvres, se permettant de faire un salut insolent au passage.

Oh oui, il paiera une visite à la demeure des Ae dans les jours qui suivront, en espérant que sa « Putain. » de fiancée soit gentiment rentrée d'ici-là. Dénoncera-t-il les actions de sa mal-aimée à ses beaux-parents ? Oh non. Non, une autre idée traverse son esprit. Mais avant toute chose...

« Hé, ça va ? Hé ? Hé ! Tu m'entends ? ... Bordel. » dit-il à la blonde en s'agenouillant à ses côtés. La quantité de sang perdu est affreuse et la teinte de sa peau inquiétante. « Merde... Merde... » Posant son sac à dos sur le sol, il fouille dedans au cas où il trouve quoi que ce soit lui permettant de la soigner rapidement, au moins de sorte à stabiliser son état jusqu'à arriver aux urgences. Un bandage, ok. Un scotch, ok. Un compresse... « ... Merde merde merde ! » Sans réfléchir plus longtemps, il ôte son débardeur, le plie suffisamment pour en faire un tissu bien épais afin de couvrir la blessure au cou. Une fois le compresse de fortune placé, il passe le bandage de sorte à garder la plaie couverte et comprimée, puis place des bouts de scotch où il peut au niveau des épaules découvertes pour éviter que tout ne s'en aille avec le vent une fois sur la moto.

Afin de ne pas attendre les urgences et perdre plus de temps que nécessaire, il fait de son mieux pour relever la jeune blonde et la porter jusqu'à sa moto après avoir remis une bretelle de son sac autour de son bras. Si tout se déroule comme prévu, il pourrait asseoir la victime sur sa bécane et attacher ses poignets contre son torse avec la paire de menottes de sorte à éviter qu'elle ne tombe malencontreusement sur le trajet jusqu'aux urgences les plus proches.

Néanmoins, stressé et concentré sur la survie de la pauvre innocente, la sonnerie du téléphone près de la bouche d'égout ne parvient pas à ses oreilles. Il ne pense alors pas à le récupérer et encore moins à répondre au jeune homme au bout du fil.