limbes sinueuses | m i l o s z

--- limbes sinueuses ---
outfit -- angel by the wings ((sia))
  @Love Milosz   

le verre qui réfléchit l'image pourrait éclater devant la laideur du cimetière des fleurs. s'il vivait, le miroir, il se briserait, là en illustrant le portrait de sirène désabusée, qui ne trouve plus le moindre attrait à son reflet. elle appuie ses griffes émoussées contre les pourtours de l'évier et ça l'empêche de détaler, de sombrer contre le carrelage gelé. tu as trop forcée, darcy. les limites trop souvent reculées, repoussées dans l’espoir qu’un jour la soif finisse par mourir d’elle-même. imagination bancale d’une gamine espérant inverser les aiguilles de sa vie, revenir à cette étape d'humanité qu’elle peine à se remémorer. naïveté dérobée au berceau pour une vie, pour lui sauver la sienne mais la naïade aurait préféré que son cœur s’éteigne ce soir-là que de devenir ce montre à la beauté éphémère, falsifié pour le restant de ses jours qu’elle ne cesse de provoquer. une semaine, une semaine et un jour. voilà la limite de la maudite d’évadné qui entame le second. et sans doute le dernier coucher du soleil. finalement, son rêve enfantin pourrait bien devenir réalité.

tout fini par valser dans la salle de bain. porcelaine qui se brise avant que la silhouette ne vienne rencontrer les résidus tranchants. faisant de ses bras, un tableau damné, coloré par l’hémoglobine qui ruisselle légèrement le long de l’épiderme laiteux. « ah min ? » qu’elle prononce, tentant de se relever à plusieurs reprises avant que la paume ne se pose contre un meuble, faisant pression pour surélever le corps affaibli. « ah min ? j'ai besoin de toi. » mais rien, rien hormis le silence ne vient couvrir la peau abîmée, sentence à deux doigts de tomber. phalanges venant emprisonner l’épaule opposée, la nymphe réussit à s’échapper de la salle de bain, le pas lent qui finit par s’arrêter en constatant que l’être dit aimé n’est pas présent. absent, encore une fois. relation devenue ternie par le temps, battant de l’aile pour s’ouvrir à des cœurs étrangers. relation maintenue pour ne pas décolorer l’idylle idolâtrée par des clichés capturés, pour ne pas entacher la carrière de celle qui prend son envole. pourtant, ce soir, le papillon pourrait bien voler pour la dernière fois.  

guère d’autre choix, c’est dans l’obscurité que les ailes s’agitent pour ne pas chuter contre le macadam à la recherche d’une vie. une vie, pour la sienne. prendre ce qui ne lui appartient pas pour en faire sienne, dans le but de faire s’ouvrir la rose dont les pétales commencent à faner. le regard se perd sur ce qui l’entoure, dans l’horizon flouté, tout et n’importe quoi, voilà ce qu’est prête à prendre le mannequin pour rallonger son existence encore un peu.  

éclairée par les néons extérieurs, elle s’enfonce dans une ruelle, les jambes titubantes maintenue par une main flirtant avec la pierre des bâtisses extérieurs. si elle le pouvait, les doigts s’enfonceraient dans le mur pour la maintenir mais le corps termine par rejoindre l’ombre contre le bitume et c'est sa paume qui vient appuyer sur la poitrine pour évaluer l’évaluable, le myocarde qui se joue de la brune. qui s’emballe pour mieux s’épuiser. boucle éternelle pour enseigner la leçon à celle qui pensait pouvoir changer le monde, changer son monde. les iris vitreuses finissent par se poser sur une silhouette au loin, peut-être pas tellement, notion de distance fluctuante d’un battement de cil à un autre. « s’il vous plaît. » qu’elle implore la sirène échouée depuis trop longtemps hors de l’eau, la gorge assoiffée et les pulpes désireuses de s’accorder la vitalité d’un autre. rien qu’un peu.   

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l’échec de celle qui se pense invincible, capable de résister toujours plus à sa nature qui reste accrochée à la sirène comme son ombre qui se reflète contre le macadam sur lequel elle est échouée. ariel hors de l’eau, ariel qui étouffe, qui suffoque devant son prince eric qui se trouve n’être que le fils de l’immonde cruella. rictus qui se dessine sur le visage affaibli, elle penche son buste vers l’avant en plongeant ses iris dans le regard maronné du monstre qui l’accompagne. deux créatures maudites dans un monde pas assez grand pour eux. « lycan ? » qu’elle questionne sans réellement le faire, le mot mordeur étant assez claire pour la brune qui se laisse lentement retomber contre le mur, les lèvres asséchées menaçantes de céder sous le sourire satanique qui l’habille. « c'est mon jour de chance on dirait bien. » les lippes laissant échapper un rire moqueur de sa propre personne. nyx qui scelle son sort entre les griffes de l'égoïsme même.  

« j’ai besoin de ce que tu possèdes. » les billes qui descendent sur le corps étranger en désignant la partie de peau visible, oasis qui lui couterait la vie si elle lui dérobait sans consentement. trop faible pour se défendre, pas assez de temps pour prendre possession de son encéphale après s’en être nourri. « que veux-tu en échanges ? » rien n’est jamais gratuit, elle a fini par l’apprendre darcy, elle a fini par se faire une raison que les chaînes dont elle s’est débarrassée finiront par revenir. un changement de propriétaire. carcasse qu’elle ne peut plus traîner plus loin, destin dépendant de l’action du maudit qui lui fait face.

bateau tanguant est le corps féminin qui revient vers l’avant, les paumes s’incrustant dans les graviers. indolore. « t'as pas un petit creux ? » rictus qui se dessine sur le visage en manque de vitalité, les pupilles se teintant toujours plus de ce nacre argenté. leçon comprise, elle ne touche pas la nyx, mais effleure sans rien pouvoir posséder, les phalanges proches d’un but qu’elle ne peut atteindre. cruauté animale. loi du plus fort. loup contre une simple proie. « je prends la vitalité d’un autre et tu en fais ce que tu veux. » deux égoïstes, deux survivants de la nuit. « s’il te plaît. » prononcé dans un murmure, appel de détresse de la sirène qui laisse son égo s’envoler. la situation ne lui plaît pas mais le choix ne lui appartient pas ; du moins sauf si elle souhaite renoncer à sa propre existante. « je ferais ce que tu veux. » jeu dangereux, naïade se jetant dans la gueule du loup, attendant les règles de son jeu. pacte avec le lycan diable.